Conclusion

A la fin de l’époque gothique, on trouve en France une église (roman et gothique confondus) pour 200 habitants. L’ensemble des édifices peut accueillir toute la population française. L’entreprise est donc gigantesque. Cependant, les initiateurs de la “croisade des cathédrales” n’ont pas seulement influencé leur temps. Ils ont également marqué profondément les « trois collectivités » qui définissent l’identité des hommes et des femmes de l’Europe occidentale: “l’Église, la ville, la nation”, selon l’historien Jacques Le Goff. Les cathédrales gothiques continuent d’incarner la foi et la beauté de l’espérance chrétienne qui touchent autant les croyants que les non-croyants. Elles sont l’expression d’une réconciliation entre le spirituel et le matériel que les hommes cherchent de tout temps. Elles reflètent une période glorieuse et apaisée du catholicisme. Mais c’est particulièrement leur rôle dans la formation d’une nation française qui se doit être souligné. Elles incarnent le “support de la mémoire collective”: les rois sont sacrés à Reims, la cloche Emmanuel de Notre Dame de Paris est parrainée par Louis XIV; elle est le témoin du sacre de Napoléon Bonaparte. Viollet-le-Duc écrit ainsi dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française: « Les cathédrales sont à mon point de vue le symbole de la nationalité française et la plus puissante tentative vers l’unité. »  Elles portent également un message de réconciliation. Elles sont ainsi choisies par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer pour entériner la réconciliation franco-allemande. Il est ainsi important de ne pas considérer ces monuments comme poussiéreux, alors qu’ils constituent aujourd’hui encore une partie importante de notre patrimoine français.